En 2018, une étude commanditée par l’ONG Wellcome[i] montrait que parmi les 144 pays interrogés, la France a la population la plus défiante vis-à-vis de la sûreté des vaccins (33 % des français pensent que les vaccins sont peu ou pas sûrs) et se place juste après le Libéria pour remettre en doute leur efficacité (19% des français pensent que les vaccins sont peu ou pas efficaces). Ces résultats font de la France un cas unique car la défiance des pays qui l’entourent est moindre, et qu’elle concerne à la fois l’indicateur d’efficacité des vaccins (≤8%) ou de leur sécurité (≤13%, hormis Belgique et Suisse qui tournent autour de 20%). Par ailleurs, comme en Suisse, seuls 49% des français interrogés pensent que la vaccination est très importante pour les enfants, loin de 80% parmi les belges ou 75% parmi les espagnols. A l’inverse, seuls 10% des français pensent que cette vaccination est peu ou pas importante (9% en Italie et en Suisse, 7% en Allemagne et 5% dans les autres pays), laissant ainsi 27% des français pour qui le vaccin a une certaine importance et 13% qui ne se prononcent pas (15% en Suisse et ≤7% dans les autres pays) : la conviction de 40% de nos concitoyens reste donc à
renforcer !
En février 2019, une étude[ii] de Santé publique France auprès de parents de jeunes enfants en France semblait confirmer ces résultats : 33% n’étaient pas d’accord avec la proposition que les vaccins sont sûrs, 12% qu’ils sont efficaces et 9 % qu’ils sont importants pour la santé des enfants. Une même étude faite en juin 2018 montrait des résultats comparables concernant la sûreté des vaccins (32%) et un peu plus pessimistes concernant leur efficacité (14%) et leur importance (11%).
Cette spécificité française reste difficile à expliquer. La France a pourtant connu, grâce à l’efficacité des vaccins, la même forte baisse d’incidence de nombreuses maladies que ses voisins et les signalements d’effets secondaires des vaccins y sont tout aussi rares. Un énorme travail d’informations a été entrepris en France depuis la mise en place de la concertation citoyenne en 2016. La légère amélioration entre les deux enquêtes faites auprès des parents en juin 2018 et février 2019 reflète-t-elle le début d’une amélioration de la confiance ? L’adhésion à la vaccination de la population mesurée par le Baromètre Santé, une enquête téléphonique d’un échantillon représentatif de la population française, est à la hausse (78% favorables à la vaccination) par rapport à 2010 (61%). Ce résultat va aussi dans le sens d’une amélioration. Pour autant, nous devons maintenir nos efforts et poursuivre notre travail pour que la majorité des français soit tout à fait convaincue de l’efficacité, de la forte importance et de la très bonne tolérance des vaccins.
Dr Isabelle BONMARIN
Responsable de l’unité prévention des risques infectieux et environnementaux
Direction Prévention et promotion de la santé